MEMOIRES
Bulletin communal de Saint-Père-Marc-en-Poulet : 1911-1918 (Théodore CHALMEL)  Prix: 29.00 €
Avec ce bulletin, publié trimestriellement de janvier 1911 à octobre 1918, Théodore Chalmel nous lègue un témoignage sur huit ans de vie quotidienne.

Dès son premier éditorial, il définissait ainsi les buts de la publication : «elle contiendra des questions d'éducation familiale, une partie spéciale à l'enseignement populaire après l'école, des extraits du livre d'or, des nouvelles, des avis divers relatifs à la vie communale, des questions de mutualité, d'agriculture, de droit rural et administratif.»

En proposant ce petit magazine au contenu proche du quotidien de pèréens, Chalmel souhait donner un prolongement à l'oeuvre scolaire, en incitant à la lecture et en favorisant l'acquisition de nouvelles connaissances qu'il était possible de mettre en oeuvre sans délai pour une meilleure existence.

Un souci permanent a animé cet instituteur durant toute sa carrière : faire grandir le nombre de ceux qui ne reconnaîtraient d'autres souverainetés que celle de la raison. En véritable hussard de la République, il s'y est consacré sans réserve et par divers moyens dont ce bulletin communal.

Bien évidemment, la Première Guerre occupe une large place avec les initiatives locales de solidarité et d'entraide, et avec son incessant cortège de tués, de blessés, de disparus. Curieusement, la victoire ne donnera pas lieu à un numéro supplémentaire, puisque le dernier est daté d'octobre 1918.

Avec le recul, nous disposons d'une formidable chronique de la vie à Saint-Père au début du siècle dernier. Les fêtes et le Livre d'or sont parmi les passages les plus attachants, et ce n'est pas sans émotion que beaucoup y retrouveront mention de parents et grands-parents en situations diverses.

Extraits : quelques passages choisis parmi plusieurs centaines.

Beau rôle. - Dans la cour deux petits garçons se disputent. Ils crient, ils s’injurient, puis la face rouge, rouge comme la crête des coqs, les yeux hors de la tête, ils se rapprochent ; ils sont nez à nez et se menacent le bras levé et le poing fermé. Au moment précis où la querelle va dégénérer en rixe, François Frustec intervient, sépare les deux champions et les oblige à se serrer la main. François a pensé que les enfants en colère sont bien laids à voir et il a joué, en grand frère, le rôle de médiateur. (Avril 1911)

Assemblée de février. - L’assemblée de février a été favorisée par un temps magnifique. Elle avait attiré sur la grande place : des bazars, de jolis tirs, des jeux d’anneaux et de palets, des loteries chargées de vaisselles émaillées de couleurs voyantes, des marchandes d’amandes, de bonbons, de cimeriaux et de saucisse. A trois heures, notre petite bourgade, habituellement si paisible, offrait un aspect des plus animés et des plus pittoresques. Le son criard de la musique des chevaux de bois attirait particulièrement les enfants, pendant que la foule se pressait aux abords du cinématographe. On avait grand plaisir à entendre tant de bruit, à voir tant de gens pressés, de marchandises étalées, bref tout le tohu-bohu des affaires dénotant de bonne recettes pour les forains et les commerçants. (Avril 1911)

Au feu ! - Le jeudi 2 novembre, dans la soirée, le feu s’est déclaré au village de la Ville-Aufray dans l’écurie de la ferme exploitée par M. Francis Delaporte. Ses greniers pleins de foin et de paille ont été complètement détruits ainsi que quantité d’objets. Les habitants du voisinage, accourus en toute hâte, ont mis la pompe en marche et après une heure d’efforts se sont rendus maîtres de l’incendie. Il était temps car la maison d’habitation commençait à flamber. On ignore les causes de cet incendie. Le propriétaire et le locataire sont assurés. (Janvier 1912)

Téléphone. - Le progrès en marche gagne Saint-Père. M. Le Directeur des postes et des télégraphes du département d’Ille-et-Vilaine vient de faire savoir à l’autorité locale qu’il va être procédé prochainement aux études concernant l’installation du téléphone. Cette commune est inscrite au 27e rang pour la mise en service en 1912. La cabine sera installée à la recette buraliste. Une amélioration de cette nature ne peut que rendre service aux gens d’affaires et au public. (Avril 1912)

Statistique agricole. - Les membres de la Commission d’agriculture se sont réunis à la Mairie le 11 février. Ils ont fixé ainsi qu’il suit le rendement moyen par hectare, des récoltes de l’année 1911. Blé : 10 quintaux de grains, 18 quintaux de paille ; orge : 15 quintaux de grains, 16 quintaux de paille ; avoine : 12 quintaux de grains, 15 quintaux de paille ; pomme de terre primes : 80 quintaux ; pomme de terre tardives : 150 quintaux ; betteraves fourragères : 75 quintaux ; fourrages, vesces, trèfles : 80 quintaux ; fruits : bonne récolte. (Avril 1912)

Tabac. - Le commune de Saint-Père est celle du canton de Châteauneuf où les planteurs ont été les plus nombreux en 1911. Soient 40 qui ont livré à la régie de Saint-Malo, les 31 janvier, 1 et 2 février, à des prix assez rémunérateurs, dit-on. Cependant le nombre de déclarations a diminué cette année ; 8 planteurs, 56 plantations, 19 hectares et 265.720 plants ont été déclarés à la mairie. Le même phénomène d’abandon se rencontre dans toute la région où jadis cette culture constituait une des principales ressources de l’industrie agricole. (Avril 1912)

La fête de vétérans. - La fête de St-Père, organisé le dimanche 27 juillet en l’honneur des vétérans de 1870-71, fut une belle manifestation patriotique. De toutes les communes voisines, les promeneurs, encouragés par un temps superbe, étaient accourus, emplissant le bourg, coquettement paré pour la circonstance, de mâts, de guirlandes, de feuillages et de drapeaux aux couleurs nationales. Nous donnons la liste des mobiles et anciens soldats décorés au cours de la cérémonie : MM. Baslé Louis ; Bajot Mathurin ; Bourseul François ; Brévault François ; Boullain Etienne, Dervilly Pierre.... (Octobre 1913)

Bons petits coeurs. - Louis Mauclair et Pierre Lecresmeur, deux élèves de l’école, s’émeuvent facilement devant ceux qui souffrent. Tous les deux ont prélevé une part sur leur dîner pour l’offrir à un camarade qui n’avait pas mangé. (Janvier 1914)

Nos soldats blessés et prisonniers.
- Auffray Jean-Marie, classe 1894, 247e d’infanterie, St Malo ; mort au champ d’honneur, le 26 août, combat de St Hilaire-le-Grand
- Fourrage François, classe 1912, 3e d’artillerie de forteresse Cherbourg ; fait prisonnier à Maubeuge ; emmené au camp de Friedrichsfeld, par Wesel (Allemagne)....
- Moriniaux Julien, classe 1913, 2e d’infanterie, Granville, blessé d’une balle au bras et à la poitrine le 6 octobre ; hospitalisé à Nantes. (Septembre 1914)

Morts en mer. - Nous avons appris avec regret a disparition en mer, sur les bancs de Terre-Neuve, de deux bons marins MM. Le Coze Guillaume, patron de doris, et Goriaux Ange, second, qui avaient sollicité et obtenu leur mise en sursis pour se livrer à la grande pêche. (Janvier 1917)

Nos prisonniers en Allemagne.
- Hayel Louis, cultivateur à la Galonnais, classe 1905, mobilisé le 2 août 1914 au 247e d’infanterie. Blessé au bras le 30 août 1914 à la Cour-au-Roy où il est saisi par l’ennemi. Interné à Mersburg depuis trois ans.
- Cos Emile, cultivateur à la Lande-Grêle, soldat de la classe 1904 ; mobilisé le 2 août 1914 ; incorporé au 247e régiment d’infanterie. Combats de Belgique et de Donchéry où il est fait prisonnier le 26 août 1914 ; interné à Alten-Grabot, par Magdeburg ; actuellement à Munster.... (Juillet 1917)

Mobilisés. - La mobilisation a eu pour effet d‘enlever à la commune : 283 cultivateurs et marins, 1 minotier, 4 boulangers, 2 bouchers, 3 maréchaux, 2 bourreliers, 1 charron, 1 mécanicien, 3 menuisiers, 3 cordonniers, 3 couvreurs, 2 maçons, 2 vanniers, 1 cerclier, 1 cantonnier, 2 prêtres, 1 docteur, 1 instituteur, 1 comptable, 1 employé, 1 étudiant. (Juillet 1917)

Livre d’or des braves. -
- M. Boison Jules, soldat au 100e d’infanterie, grenadier d’élite, matricule 10.426 : « Très bon soldat. Volontaire pour toutes les missions périlleuses. Le 29 août 1917 a donné le meilleurs exemples : pénétrant dans les tranchées ennemies qu’il avait mission de fouiller, contribuant à la capture de 11 prisonniers et d’une mitrailleuse. (Janvier 1918)

Usine et électricité. - Il est question du barrage de la plaine des Gastines et de St Suliac, en vue de l’utilisation des courants de la Rance.. Ainsi se créerait, à notre porte, un courant électrique assez puissant pour fournir, à 100 kilomètres à la ronde, la lumière et la force motrice aux usines de la région. L’ingénieur, auteur du projet, disposerait déjà de gros capitaux pour assurer l’exécution de ce travail gigantesque et gros de conséquences pour l’avenir économique de notre pays. (Avril 1918)


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